Le Cheval à Versailles

Le cheval a toujours eu sa place à Versailles et la possède encore aujourd'hui dans les écuries de Bartabas !

« Des chevaux, des chevaux, rien que des chevaux ! » C’est ainsi qu’un visiteur de Versailles au 19e siècle aurait pu exprimer ses impressions sur la ville royale… Or, si Versailles était une ville équestre à cette époque, en raison de la forte présence militaire, elle l’était encore bien davantage au temps des rois.
 
Il faut imaginer une ville sillonnée de chevaux innombrables : les Ecuries du roi administraient à elles-seules pas moins de 700 chevaux à la fin du règne de Louis XIV, les uns affectés aux carrosses, les autres étant des chevaux de selle qui servaient principalement à la chasse. Ce nombre exorbitant fut d’ailleurs largement dépassé sous les règnes suivants puisque le roi Louis XV en eut jusque 1 700 et Louis XVI 2 200, avant d’entreprendre la réforme de sa Maison… Tous ces chevaux ne pouvaient pas, loin s’en faut, trouver place dans les majestueuses Ecuries du roi qui embellissent la place d’armes devant le château de Versailles. Certains restaient en résidence à Fontainebleau ou à Compiègne, où la Cour passait la saison de la chasse. D’autres étaient abrités dans des écuries de location en ville.
La reine et les princes avaient également leurs écuries en ville, ainsi que tous les courtisans dont les hôtels se concentraient à proximité du château de Versailles. A cela, il faut ajouter les montures plus ordinaires des voyageurs, et les chevaux des voitures de transport public.
De cette présence équestre, la ville de Versailles conserve une empreinte très marquée : la Grande et la Petite Ecurie du roi sont conservées, ainsi que celles de la reine Marie-Antoinette, rue Carnot ; celles du comte d’Artois, frère de Louis XVI, de dimensions spectaculaires, subsistent rue Edouard Lefebvre. Celles de la comtesse du Barry, célèbre maîtresse de Louis XV, ont été transformées pour un autre frère de Louis XVI, le comte de Provence, et se situent avenue de Paris. Les anciennes écuries des comtesses de Provence et d’Artois existent elles-aussi dans le quartier Saint-Louis
 
Les chevaux de selle des écuries royales et princières servaient à plusieurs usages : ils étaient montés quotidiennement par les pages, jeunes gens de l’aristocratie qui bénéficiaient là d’une formation destinée à faire d’eux des officiers pour les armées du roi. C’est dans ce contexte qu’est née l’Ecole de Versailles, qui posa les jalons de l’art équestre classique, consacré par l’enseignement de François Robichon de La Guérinière au 18e siècle.
Les chevaux de selle servaient également à la chasse, le loisir favori des rois de France. On a calculé que, durant le siècle où les rois ont eu Versailles pour résidence principale, ils ont effectué entre 150 et 180 sorties de chasse par an, ce qui nécessitait une cavalerie considérable : les mêmes chevaux ne servaient pas pour la chasse au sanglier, au cerf ou au chevreuil, et on prévoyait par ailleurs d’en changer plusieurs fois si la chasse se prolongeait…
Plus étonnant est l’usage que l’on fit des chevaux dans des spectacles équestres féériques : dans la cour de la Grande Ecurie du roi furent organisés deux carrousels au temps du Roi-Soleil. Le plus inattendu fut appelé le carrousel des Amazones, donné en 1686, où des femmes participaient au défilé des concurrents appelés à rivaliser d’adresse à cheval. Ce fut au total une soixantaine de cavaliers, hommes et femmes, somptueusement costumés, qui défilèrent à cheval depuis le château de Versailles jusqu’à la Grande Ecurie du roi, avant d’entrer en lice…
 
Aujourd’hui, cette tradition équestre, qui a contribué à façonner la ville royale, revit  à Versailles grâce à la présence de l’Académie du Spectacle équestre fondée par Bartabas en 2003 : dans la Grande Ecurie du roi, les écuyers cultivent la pratique équestre et plusieurs disciplines artistiques, à la recherche d’un art total, dans l’esprit de l’art baroque, qui fut celui du Roi-Soleil.