On n’est pas le centre du pouvoir sans conséquences… La cour de Versailles a vécu au rythme des cabales et des luttes de partis,  que ce soit sous le règne de Louis XIV ou celui de ses successeurs. Les partis s’organisaient généralement pour ou contre la maîtresse royale du moment, mais bien d’autres questions étaient en jeu et les luttes d’influence aboutissaient à des disgrâces et des congés donnés à tel ministre dont l’action était contestée… Les Mémoires du célèbre duc de Saint-Simon en donnent d’innombrables exemples à l’époque du Roi-Soleil.
Dans ce contexte, des affaires spécialement graves ont animé Versailles sous l’Ancien Régime : l’Affaire des poisons par exemple est célèbre pour avoir mis en cause jusqu’à la marquise de Montespan, maîtresse de Louis XIV, suspecte d’avoir fait absorber divers philtres à son amant et d’avoir cherché à empoisonner Angélique de Fontanges, sa rivale… Il est vrai que la cour ne résidait alors que de façon occasionnelle à Versailles, qui ne fut que partiellement le théâtre de cette affaire.
D’apparence moins scandaleuse, les menées des philosophes sous le règne de Louis XV ont eu un retentissement bien supérieur : Diderot et d’Alembert prirent au milieu du 18^e siècle la direction d’un projet éditorial ambigu, l’Encyclopédie ou Dictionnaire universel des Sciences, Arts et Métiers. La publication fut plusieurs fois interrompue et interdite en raison du caractère subversif de certains articles à l’égard de la religion et du pouvoir royal. Mais elle bénéficia de l’indulgence très complaisante de la marquise de Pompadour, maîtresse du roi, et de Lamoignon de Malesherbes, chargé de la censure : ces complicités permirent à l’édition complète d’aboutir malgré l’interdiction officielle…
Le pouvoir royal sortit ébranlé du règne de Louis XV, également fragilisé par les menées des parlements. Mais il reçut un nouveau coup avec l’affaire du collier de la reine : confiants dans la réputation de frivolité de la reine Marie-Antoinette, deux joailliers lui proposèrent une rivière de diamants d’une valeur exorbitante. La reine ayant refusé, une aventurière nommée comtesse de La Motte proposa son entremise aux bijoutiers, séduisit le cardinal de Rohan pour lui faire jouer le rôle de caution et se fit remettre le fameux collier… sans débourser un sou ! L’affaire fut vite découverte et Marie-Antoinette commit alors l’imprudence de faire arrêter le sot cardinal un grand jour d’affluence de 1785 dans la Galerie des glaces du château de Versailles… Malheureusement, l’opinion se monta contre elle et voulut croire qu’elle détenait bien le collier sans accepter de le payer… La Révolution française n’était pas loin d’éclater…