Versailles, ville d'eau

Découvrez les moyens incroyables mis en oeuvre pour faire fonctionner les fontaines du Roi-Soleil !
Il est bien connu que le site de Versailles était marécageux… Mais des jets d’eau peuvent-ils s’élever d’un marais ? Non bien sûr ! L’approvisionnement des fontaines des jardins du château de Versailles créés pour Louis XIV par son fidèle jardinier Le Nôtre mérite une admiration particulière…
 
Pour alimenter les jets des fontaines de Versailles, il faut que l’eau provienne de réservoirs situés en surplomb. Plusieurs solutions ont été trouvées au 17e siècle, qui laissent leur empreinte dans la ville de Versailles :
 
Dans un premier temps, on décida d’exploiter l’étang de Clagny, qui, au nord du château, recevait les eaux de ruissellement des environs. Cette pièce d’eau est restée célèbre en tant qu’ornement du parc de la marquise de Montespan, favorite du Roi-Soleil. Mais on sait moins qu’il a fourni aux jardins de Versailles l’eau de ses premières fontaines, par l’intermédiaire d’une pompe et d’un château d’eau situés au bout de la rue Carnot (qui portait alors le nom de rue de la pompe).
 
Le réservoir était insuffisant, et on créa la célèbre « grotte de Téthys », à l’emplacement qu’occupera plus tard la Chapelle Royale. Surmontée d’un réservoir de plus grande capacité, elle  fut cependant complétée par les « réservoirs de glaise », bien visibles sur le tableau de Pierre Patel en 1668. Déplacés lors de la construction de l’aile du Nord, ils bordent aujourd’hui la rue des Réservoirs et sont encore utilisés lors des Grandes Eaux de Versailles.
 
Mais l’étang de Clagny ne pouvait suffire aux besoins grandissants des fontaines de Versailles, de plus en plus nombreuses. On exploita alors de nouvelles possibilités : après avoir timidement utilisé l’eau de la rivière de Bièvre au sud de la ville,  on commença à drainer le plateau de Trappes : des pièces d’eau furent créées et reliées par des canaux dus à Vauban, l’ensemble formant la fameuse « Rivière du Roi-Soleil ». C’est le réseau des étangs supérieurs, qui traverse la forêt de Rambouillet.
Parallèlement fut créé le « réseau des étangs inférieurs », dont subsistent les magnifiques étangs de Saclay, et l’aqueduc de Buc.
Une partie de l’eau de ces deux réseaux était conduite  à Versailles jusqu’aux étangs Gobert, au bout de l’avenue de Sceaux. L’un de ces réservoirs, asséché, est aujourd’hui transformé en jardin public. L’autre partie était acheminée vers l’une des hauteurs de la ville de Versailles, dans les réservoirs de la butte Montbauron, qui servent toujours à alimenter les Grandes eaux des jardins de Versailles.
 
La dernière et la plus folle idée conçue pour acheminer de l’eau à Versailles fut l’utilisation des fleuves et grandes rivières : c’est ainsi que fut créée la célèbre machine de Marly, sur la Seine, à la hauteur de Bougival. L’eau pompée était conduite par l’aqueduc de Louveciennes jusqu’aux réservoirs de Marly et de là jusqu’à Versailles, au niveau de la butte de Picardie. D’importants vestiges subsistent à cet endroit : un réservoir qui est devenu le parking de l’Université de Versailles-Saint-Quentin, et surtout le joli pavillon des filtres, récemment restauré.
 
Un autre projet, en partie réalisé, fut le détournement d’une partie de la rivière de l’Eure vers Versailles. C’est dans ce but que fut entreprise la construction du fameux aqueduc de Maintenon, qui traverse la propriété de la célèbre maîtresse de Louis XIV. Mais les travaux ne furent pas achevés, en raison de leur coût et de la main d’œuvre considérable qu’ils nécessitaient.
Quant au projet de détourner une partie de la Loire, conçu par Pierre-Paul Riquet, le célèbre créateur du canal du Midi, il fut heureusement abandonné : la Loire coulait en aval de Versailles, et l’eau ne serait jamais arrivée !