Les ferronneries à Versailles

Découvrez l'histoire et les chefs d'oeuvre de l'art de la ferronnerie à Versailles !

Voilà un art dont on parle trop peu, et qui fut pourtant l’une des plus grandes réussites du 18e siècle français. Il façonne l’allure des chefs d’œuvre de l’architecture de l’époque de Louis XV notamment, mais aussi les immeubles ordinaires construits au même moment. Les quartiers historiques de la ville de Versailles en renferment une collection remarquable, qui illustre d’ailleurs plus généralement l’évolution de cet art, depuis Louis XIV jusqu’à la Révolution française, et même au-delà : l’Art Nouveau et l’Art Déco sont également représentés !
 
Quelques chefs d’œuvre de la ferronnerie du 18e siècle subsistent au château de Versailles, notamment la somptueuse rampe de l’escalier du Petit Trianon, réalisée à la fin du règne de Louis XV et enrichie ensuite du chiffre (initiales) de la reine Marie-Antoinette. Mais la plupart des autres ont été retirées au moment de la Révolution et c’est ainsi que la spectaculaire grille dorée qui ferme aujourd’hui la Cour royale a été refaite de toutes pièces en 2008. Dès lors, pour apprécier la beauté des ferronneries d’époque, une petite promenade en ville s’impose !
 
La plus belle grille subsistant dans la ville de Versailles est certainement celle du Potager du roi, réalisée en 1681 par le ferronnier (il faudrait dire serrurier) Fordrin. Donnant du côté de la Pièce d’eau des Suisses, elle servait d’accès au roi Louis XIV, qui descendait les Cent Marches le long de l’Orangerie du château pour accéder à ce magnifique jardin potager qu’il montrait volontiers à ses visiteurs.
On y remarque les caractéristiques ordinaires des grilles de cette époque, où les volutes, encore peu nombreuses, s’inscrivent timidement dans les intervalles du barreaudage vertical. Cette disposition se retrouve sur quelques façades du quartier Saint-Louis, dont les garde-corps peuvent être datés de la fin du 17e siècle. Ainsi par exemple rue Saint-Honoré, en bordure de la place de la cathédrale Saint-Louis, ou au début de la rue du Vieux-Versailles.
 
Les grilles plus tardives sont moins prestigieuses, mais leur beauté manifeste l’épanouissement de l’art de la ferronnerie sous le règne de Louis XV, qui en fut l’âge d’or. Les exemples sont multiples sur les façades des immeubles de la ville : parmi les plus aboutis, le balcon d’angle donnant sur les rues de Satory et du Vieux-Versailles présente l’avantage d’être daté (1742). On y observe le triomphe de la courbe, si caractéristique de l’art rocaille, assagi néanmoins par un axe de symétrie vertical, rarement omis. Aux environs, les garde-corps des fenêtres forment un ensemble passionnant, qui illustre l’évolution des formes, depuis la grande liberté des années 1740 jusqu’à un retour aux lignes droites sous Louis XVI. L’exemple le plus éloquent du retour à la ligne droite à l’époque néoclassique est néanmoins au 5 place Hoche, dans le quartier Notre-Dame.
Après la Révolution française, on assiste à une timide renaissance de l’art de la ferronnerie, qui adopte l’inspiration du « style troubadour » en vogue sous la Restauration (5 rue de Satory). Versailles en compte de jolis exemples. Mais la production industrielle de fonte de fer porta un coup décisif à l’artisanat du fer forgé, permettant de très belles réalisations moulées à un coût bien moindre (de beaux exemples de fonte fine aux 9 et 10 rue de Satory).
L’époque Art Déco, entre-deux-guerres, connaîtra un dernier renouveau de cet artisanat d’art, dont quelques réalisations de cette époque sont visibles dans la ville de Versailles, notamment à proximité de la gare Rive Gauche.